philippe poupet sculpteur (certaines pages sont en travaux)

®Pierre Mersadier, vue d'atelier (l'Usine)®Pierre Mersadier, vue d'atelier (l'Usine)®P. Poupet, Ressources poétiques, Les Abattoirs®Pierre Mersadier, vue d'atelier (l'Usine)®Philippe Poupet, vue d'atelier

LE SENS DU DÉTAIL

Dans les années 1980, l’architecte Fernand Pouillon édite plusieurs copies des globes de Marly, créés au XVIIe siècle par le cartographe Vincenzo Coronelli pour le compte du roi de France Louis XIV. Après la disparition de l’architecte, un exemplaire fût offert à la DRAC Occitanie.
Cherchant à l’intégrer dans un récit sculptural, Philippe Poupet l’a posé sur un parallélépipède en bois, proportionné à la moitié du diamètre. Au niveau du sol, ce socle est perturbé par un jeu de construction-déconstruction faisant écho aux lignes, méridiens et repères qui parcourent la carte. Le globe terrestre, en déséquilibre sur l’arête supérieure, bascule dans le vide comme s’il nous tombait dans les bras.

L’œuvre présentée ici rassemble le travail de 6 artistes et artisans d’art :
pour les temps anciens, Vincenzo Maria Coronelli (Venise 1650 – 1718), cosmographe, cartographe et fabricant de globes ; Arnold Deuvez, peintre de l’Académie ; Jean-Baptiste Nolin, graveur et géographe, et pour les temps modernes, Fernand Pouillon (Cancon 1912 – Belcastel 1986), architecte, écrivain et éditeur ; Daniel Jacomet imprimeur d’art ; Philippe Poupet (Villeneuve St-Georges 1965), sculpteur.

Fernand Pouillon, bibliophile averti, était captivé par la cosmographie. Le globe comme objet décoratif, le fait qu’en Italie ceux de Coronelli étaient interdits à l’exportation, l’avaient emporté sur les difficultés réelles de réalisation. Avec sa maison d’édition le Jardin de Flore, il met au point au début des années 1980 une technique d’encollage d’un papier chiffon à la main, surface plane, sur la surface courbe d’une sphère en polyester et résine. La réédition de globes terrestres et célestes de Coronelli peut commencer.
Installé à Paris en 1681, Coronelli mit trois ans à concevoir les fameux globes dits « de Marly » (3,87 mètres de diamètre) commandés par le Cardinal d’Estrées pour Louis XIV. Ils représentent une admirable synthèse des acquis astronomiques et cartographiques de l’époque. Fort de leur succès, Coronelli entreprit la confection de nombreux globes en modèle réduit, souvent de 1,066 m de diamètre. Fernand Pouillon choisit de rééditer cette version.
En 1984, le président de la République François Mitterrand demande à F. Pouillon l’édition d’un globe contemporain dans les mêmes dimensions que ceux de Coronelli. L’architecte s’attache alors sept cartographes qui élaboreront durant une année la cartographie du monde en 1985. L’objet deviendra alors le présent de la République aux chefs d’États étrangers.
En 2005, Catherine Sayen, compagne de Fernand Pouillon, donne à la DRAC Midi-Pyrénées le globe terrestre, qui ornait le château de Belcastel en Aveyron, afin de le révéler au grand public. Cependant, ce globe n’était pas monté sur un piètement.

En 2014, l’artiste Philippe Poupet conçoit un projet à la demande de la DRAC. Il propose une autre lecture de cet objet historique, en l’intégrant dans un geste artistique, dans la continuité de son travail de sculpteur. Cet artiste s’est attaché très tôt au procédé de l’empreinte. En dialoguant entre une maîtrise technique et un certain goût pour l’accident, le travail de Philippe Poupet questionne les conditions de l’émergence de la figure.

Philippe Poupet s’intéresse à la terrasse, cette partie de la sculpture classique située entre le modèle représenté et son socle, et qui contient en général des attributs, des symboles, qui font parfois littéralement tenir le sujet.
Le globe est supporté ici par un assemblage de lames de plancher en chêne teinté. Il faut considérer ce support comme un élément architecturé faisant partie de la sculpture. Il fait référence à la construction, par sa forme élémentaire et proportionnée, par son matériau défini.
Le parallélépipède s’élève au dessus du sol à partir d’un foisonnement de calculs aux directions différentes, en hommage au travail de l’architecte bâtisseur que fût Fernand Pouillon, qui n’hésitait pas à faire et parfaire ses projets jusqu’au moindre détail. Véritables pliages perturbant l’ordre des choses dans un jeu de construction/déconstruction renouvelé, ces découpes et collages agitent l’édifice, faisant écho aux lignes, méridiens et repères
qui parcourent la carte.
Au sommet, posé sur l’arrête de la tablette, le globe semble vaciller et s’offre physiquement à l’appréhension de chaque visiteur.
A travers cette sculpture, c’est la question du devenir que l’artiste veut poser, rappelant que le monde et sa représentation, ne sont pas immuables, et qu’ils sont entre nos mains.
Toutes les cartes sont fausses, mais c’est la position de chacun qui détermine véritablement la qualité de la rencontre avec les objets de savoir.

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