philippe poupet sculpteur (certaines pages sont en travaux)

Sur une île flottante

Philippe Daubry, in plaquette éditée par la Galerie Eric Dupont, exposition Philippe Poupet, 1996

« Grignoti, grignotons, qui grignote ma maison ? »
« Donne-moi ton petit doigt que je le tâte ! » in Hansel et Gretel, des frères Grimm.

Philippe Poupet pratique la sculpture comme un cuisinier, un cuisinier pour qui le monde est comestible. Sa cuisine consiste à s’accommoder de maintes façons, aventure expérimentale et personnelle de l’ingérence de soi. Non qu’il s’aime ou se déteste au point de se dévorer, seulement cela simplifie la pratique.

L’art culinaire est rigoureux, et néanmoins ludique ; c’est à force d’expériences, de gestes sûrs et d’erreurs rebelles que s’élaborent les nouvelles sauces, que naissent les associations les plus folles.

Quelques modules de base de sa création, tête de Poupet et doigts d’amis, et le voici derrière ses fourneaux à surveiller telle cuisson, à remuer telle poêle ; la cire recueille toutes ses attentions. Ici il compose une tête fourrée aux doigts, là il équarrit un chausson de tête en coin ou enfile une farandole de doigts. La cire perdue est recyclée, digitalisée, fondue puis projetée au mur. Elle se répand en silhouettes poupetomorphes ; le coulis dégoutte, s’étale, mais s’accroche aux parois de la grosse marmite. La particularité de Poupet réside en sa persévérance dans la mise au point de nouveaux contenants, toujours à remplir. Comme si la question du moule révélait l’intuition d’une famine sociale.

La barde enveloppe un trou qui, bien qu’inachevé et ouvert, conserve un morceau de lieu où le vide est habité, un territoire réservé où l’artiste loge sa farce.
Philippe Daubry, janvier 1996

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